Tout savoir sur l'IVG, ou avortement, par voie médicamenteuse

Publié le | Temps de lecture : 8 minutes

Il existe deux méthodes pour interrompre une grossesse : l'IVG médicamenteuse, qui consiste à prendre 2 médicaments à 24-48h d'intervalle, et l'IVG instrumentale, qui consiste en une rapide intervention.

Focus sur l'IVG médicamenteuse.

Y a-t-il des contre-indications à l’IVG médicamenteuse ?

Le professionnel de santé que vous consultez pour l’IVG évaluera si vous présentez des contre-indications lors de la première consultation pour vous proposer la méthode d’IVG adaptée à votre situation. 

La méthode médicamenteuse est contre-indiquée si on a diagnostiqué une grossesse extra-utérine (situation dans laquelle la grossesse se développe en dehors de l’utérus, par exemple dans une trompe). D’autres situations peuvent contre-indiquer cette méthode : les femmes présentant une allergie à l’un des deux médicaments utilisés, les femmes souffrant d’insuffisance rénale chronique ou de porphyrie héréditaire.

L’IVG médicamenteuse est-elle douloureuse ?

Les douleurs lors d’une IVG médicamenteuse sont fréquentes et leur intensité varie d’une femme à l’autre. Elles ressemblent généralement à des douleurs de règles plus intenses que d’habitude et sont provoquées par les contractions utérines qui permettent d’expulser la grossesse. Elles surviennent le plus souvent suite à la prise du second médicament (le misoprostol) mais peuvent aussi parfois survenir dès la prise du premier médicament (la mifépristone).

Des antidouleurs vous seront systématiquement prescrits à l’avance afin que vous puissiez les prendre dès l’apparition de douleurs.

Si la douleur persiste et ne s’atténue pas malgré la prise des médicaments antidouleurs, contactez le médecin ou la sage-femme qui vous suit pour l’IVG.

Si vous choisissez de réaliser l’IVG médicamenteuse à domicile il est recommandé de ne pas être seule. En effet être entourée de personnes en mesure de vous soutenir permet de réaliser l’IVG dans un climat favorable.

Quels sont les autres effets indésirables de l’IVG médicamenteuse ?

Au cours d’une IVG médicamenteuse des troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées) surviennent fréquemment. Si des vomissements surviennent dans les 30 minutes qui suivent la prise du misoprostol prenez contact avec le médecin ou la sage-femme qui vous suit pour l’IVG car il peut être nécessaire de prendre un nouveau comprimé.

Des saignements, ou métrorragies, souvent plus abondants que des règles accompagnent systématiquement l’expulsion de la grossesse. Ils surviennent le plus souvent dans les 3 à 4h suivant la prise du misoprostol (deuxième médicament). Les saignements ne sont pas la preuve de l’expulsion complète de la grossesse. Il est donc indispensable de réaliser une visite de suivi deux à trois semaines après l’IVG pour s’assurer que la grossesse est bien interrompue. 

Les saignements peuvent persister jusqu’à 30 jours après la prise du premier médicament.

Quelles sont les complications qui peuvent survenir après une IVG médicamenteuse ?

Certaines complications peuvent survenir après une IVG médicamenteuse telles qu’une hémorragie, une infection dans le cas où la grossesse n’aurait pas été totalement expulsée ou des douleurs persistantes malgré la prise de médicaments antidouleurs.

Même si ces complications sont rares lorsque l’IVG est pratiquée dans des conditions sécurisées (personnel formé, matériel stérile, établissement équipé, etc.) comme c’est le cas en France, il est important que vous en soyez informée afin que vous ne soyez pas surprise si elles surviennent et que vous sachiez quoi faire.

Ainsi, dans les jours suivant l’IVG, si vous présentez l’un ou plusieurs des symptômes/signes suivants, vous devez alors rapidement contacter le professionnel de santé qui vous a suivie pour l’IVG, car cela peut être un signe de complication : 

  • de la fièvre, avec une température supérieure à 38 °C ;
  • des pertes très abondantes de sang (si vous devez changer de serviette hygiénique toutes les 30 minutes (serviette taille maxi) pendant plus de deux heures de suite) ;
  • un malaise
  • de très fortes douleurs abdominales qui persistent malgré la prise des antidouleurs. 

Afin de s’assurer de l’absence de complications post IVG, une consultation de contrôle est programmée 14 à 21 jours suivant l’IVG.

Comment savoir si mon avortement par méthode médicamenteuse a échoué ?

C’est le second médicament (misoprostol) qui provoque l’expulsion de la grossesse. Dans 60% des cas, cela se produit environ 4 heures après la prise du comprimé et dans 40% des cas, dans les 24 à 72 heures. L’expulsion se traduit par des saignements, comme lorsque l’on a ses règles, mêlés à des caillots sanguins et des pertes brunâtres gélatineuses. Néanmoins ces seuls signes ne peuvent garantir avec certitude que la grossesse est interrompue ou qu’elle a été totalement expulsée. Par ailleurs, vous n’avez pas d’obligation à surveiller ces signes si vous ne le souhaitez pas. C’est pourquoi, dans tous les cas, il est nécessaire de réaliser la consultation de suivi 14 à 21 jours après l’IVG au cours de laquelle le médecin ou à la sage-femme pourra s’assurer que la grossesse est bien interrompue.  

Quelles différences entre l’IVG médicamenteuse et l’IVG instrumentale ?

Toutes les étapes préalables à l’IVG sont les mêmes quelle que soit la méthode.

Demander l'interruption de sa grossesse

Formuler sa demande

  • Prendre rendez-vous avec un médecin (généraliste ou gynécologue) ou une sage-femme en cabinet de ville, en établissement de santé (hôpital ou clinique), dans un centre de santé sexuelle (ex centre de planification et d’éducation familiale) ou un centre de santé. 
  • En présentiel, ou à distance si votre professionnel de santé le propose.

Le temps d'information

  • Information par le médecin ou la sage-femme sur les différentes méthodes d’IVG (instrumentale et médicamenteuse), les lieux de réalisation et sur les risques et les effets secondaires possibles.
  • Remise d’un dossier guide par le médecin ou la sage-femme reprenant l’ensemble de ces informations auquel vous pourrez vous référer à tout moment.
  • Proposition de réaliser un entretien psycho-social (obligatoire si vous êtes mineure). 
  • Délivrance d’une attestation de consultation médicale, pour certifier que cette première étape d’information a bien eu lieu.

Le temps de recueil du consentement et du choix de la méthode

  • Remise de votre consentement écrit pour la réalisation de l’avortement au médecin ou à la sage-femme.
  • Choix concerté de la méthode d’IVG et du lieu de réalisation.
  • Échange et prescription de la méthode contraceptive à mettre en place après l’IVG, si vous en avez besoin.
  • Proposition de réalisation ou prescription d’un dépistage des infections sexuellement transmissibles, dont l’infection par le VIH, ainsi qu’un dépistage du cancer du col de l’utérus si vous n’êtes pas à jour de ce dernier.

Bon à savoir : Il n’existe plus de délai de réflexion minimal entre le temps d’information et le recueil du consentement. Ils peuvent avoir lieu au cours d'une seule et même consultation si vous êtes majeure. Vous prenez le temps de réflexion que vous jugez nécessaire pour votre décision, en tenant compte du délai légal pour la réalisation de l’IVG (14 semaines de grossesse).

Le consultation psycho-sociale

Qui peut la réaliser ?

  • Obligatoire pour les mineures entre le temps d’information et le recueil du consentement.
  • Optionnelle pour les majeures, elle peut être réalisée à tout moment.

Comment cela se déroule ?

  • A lieu dans un Espace vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) (anciennement appelé établissement d’information, de consultation ou de conseil familial (EICCF)), un centre de santé sexuelle (anciennement centre de planification ou d’éducation familiale), un service social ou un autre organisme agréé, avec un professionnel qualifié ou une professionnelle qualifiée en conseil conjugal et familial. 
  • Vous pouvez demander un rendez-vous en présentiel, ou à distance (si cela vous est proposé).
  • Au cours de cet entretien il vous sera proposé un accompagnement sur le plan social et/ou psychologique en fonction de vos besoins.
  • Il n’existe plus de délai minimal de réflexion entre la consultation psycho-sociale et la réalisation de l’IVG.

Comparatif des deux méthodes

 

IVG médicamenteuse

IVG instrumentale

Jusqu'à quand ?

7 semaines de grossesse, soit 9 semaines d'aménorrhée.

14 semaines de grossesse, soit 16 semaines d'aménorrhée.

Avec quel professionnel ?

Médecin ou sage-femme.

Médecin, ou sage-femme sous certaines conditions.

Où ?

  • En cabinet,

  • En centre de santé sexuelle,

  • En centre de santé,

  • En établissement de santé.

  • En établissement de santé,

  • Dans certains centres de santé.

Comment ?

Prise de deux médicaments à 24-48h d’intervalle en présence du professionnel de santé (au sein du cabinet ou de la structure où exerce le professionnel ou lors d’une téléconsultation) ou seule à votre domicile.

Au cours d’une courte hospitalisation : introduction d’une canule souple de calibre adapté par le col de l’utérus pour aspirer le contenu de l’utérus.

Et la douleur ?

Pas d'anesthésie mais prescription d'anti-douleurs systématique.

Anesthésie locale ou générale selon votre souhait et en accord avec le professionnel de santé qui réalise l’intervention.

En cas d’anesthésie générale il sera nécessaire de réaliser préalablement une consultation avec un médecin anesthésiste.

Quelle durée totale ?

Variable.

A partir de la prise du second médicament la grossesse est évacuée dans les 4h dans environ 60% des cas. Dans 40% des cas l’évacuation de la grossesse aura lieu dans les 24 à 72h.

L’intervention est rapide et dure entre 15 et 20 minutes.

Après l’intervention, il est nécessaire de rester sous surveillance quelques heures dans l’établissement ou le centre de santé.

Consultation de suivi ?

14 à 21 jours après l’IVG pour s’assurer de l’efficacité de la méthode et de l’absence de complications.

14 à 21 jours après l’IVG pour s’assurer de l’efficacité de la méthode et de l’absence de complications.

Taux de succès

95%

99,7%

Quels sont les effets indésirables ?

  • Douleurs plus intenses que des douleurs de règles liées aux contractions utérines, généralement après la prise du second médicament.

  • Possible troubles gastro-intestinaux.

  • Saignements plus abondants que des règles habituelles pendant quelques jours.

  • Douleurs de règles liées aux contractions utérines après l’intervention.

  • Saignements plus abondants que des règles habituelles à la suite de l’intervention pendant quelques jours.

Certaines étapes sont-elles réalisables en téléconsultation ?

Toutes les étapes sont réalisables en téléconsultation.

Les étapes préalables à l’IVG et la consultation de suivi sont réalisables en téléconsultation.

 

Plus d'informations sur l'IVG médicamenteuse

Guide IVG.pdf pdf 1.19 Mo

Le tchat du site ivg-contraception-sexualites.org répond à toutes vos questions

Outil interactif, anonyme et gratuit, le tchat vous met en contact direct avec une personne compétente qui pourra répondre à vos questions, vous informer et vous orienter. Il est géré par le Mouvement Français pour le planning familial et disponible sur leur site ivg-contraception-sexualites.org.

Accéder au tchat ivg-contraception-sexualités en cliquant ici.