Pratique des IVG médicamenteuses

Publié le Mis à jour le 02/01/2025 | Temps de lecture : 4 minutes

A l'issue des étapes préalables à l'IVG, votre patiente souhaite réaliser une IVG par voie médicamenteuse. Comment faire en pratique ?

 

Cette méthode est similaire quelle que soit le lieu de réalisation de l’IVG (en établissement de santé ou hors établissement de santé).

Elle repose en France, conformément aux recommandations de la HAS, sur l’association de l’antiprogestérone mifépristone et d’une prostaglandine, le misoprostol. Elle peut être pratiquée jusqu’à 9 SA.

Mifépristone et misoprostol sont délivrés à la femme directement par le médecin ou la sage-femme qui réalise l’IVG ou par la pharmacie d’officine désignée par la femme si l’IVG est réalisée en téléconsultation. 

Ces deux médicaments peuvent être pris :

  • en présence du médecin ou de la sage-femme en établissement de santé, en cabinet de ville, en centre de santé, en centre santé sexuelle ou lors d’une téléconsultation, 
  • en dehors de la présence d’un professionnel de santé, à domicile.

En effet, il n'y a pas obligation de prise, ni en présentiel, ni devant le professionnel de santé. 

Délivrance/prescription des médicaments

Lors de la délivrance (prescription en cas de téléconsultation) de la mifépristone et du misoprostol, le médecin ou la sage-femme informe la femme sur :

  • le protocole à suivre,
  • sur ce qui peut se passer lors de l'expulsion (visualisation possible du sac gestationnel ou de l'embryon, métrorragies, douleurs abdomino-pelviennes),
  • sur les suites normales de l'IVG médicamenteuse,
  • sur les éventuelles complications. 

Dans le cas où la femme souhaite réaliser l'IVG médicamenteuse à domicile, le médecin ou la sage-femme remet à sa patiente un mémo pratique reprenant ces différentes informations. Il doit au préalable s'être assuré qu'au vu de sa domiciliation, elle peut se rendre dans un délai maximal d'une heure :

  • dans l'établissement de santé où il exerce
  • ou dans l'établissement signataire de la convention, s'il exerce hors-établissement de santé.

Le mémo peut également être envoyé par voie dématérialisé s'il s'agit d'une téléconsultation.  

Télécharger le mémo 

Sont également remises à la femme (ou envoyées par voie dématérialisée) les coordonnées précises du service de l’établissement dans lequel elle peut se rendre si nécessaire. Il lui est précisé qu’elle pourra être accueillie à tout moment par cet établissement de santé (le numéro de téléphone du service à contacter est notamment mentionné). 

La prise de misoprostol au sein de la structure doit être proposée à la femme si elle ne souhaite pas être à domicile lors de l'expulsion. Si la femme fait le choix de réaliser l'IVG à domicile, il est nécessaire de lui recommander de ne pas être seule. 

La prise en charge « anticipée » de la douleur doit être systématique avec la prescription d’antalgiques de palier 1 (ibuprofène à dose antalgique par exemple) et 2 (paracétamol associé à l’opium par exemple). Un arrêt de travail peut également être délivré.

A l’occasion de cette consultation, les différentes méthodes de contraception post-IVG disponibles peuvent être évoquées avec la femme. La méthode choisie par la femme est prescrite selon ses besoins et ses souhaits.

Conformément aux recommandations de la HAS, la prévention de l'iso-immunisation rhésus chez les femmes rhésus négatif par une injection de 200 μg d’immunoglobulines anti-D doit être organisée. L’injection doit avoir lieu au plus tard dans les 72 heures qui suivent les saignements ou en cas d’IVG médicamenteuse à domicile lors de la prise de mifépristone.

Si l'IVG est réalisée hors établissement de santé, le médecin ou la sage-femme doit renseigner la "fiche de liaison" reprenant les informations utiles du dossier médical et la remettre à la patiente. Elle peut lui être envoyée par voie dématérialisée s'il s'agit d'une téléconsultation. 

Une copie est transmise à l'établissement signataire de la convention. 

Prise des médicaments  

La prise des différents médicaments peut avoir lieu en présence du médecin ou de la sage-femme (lors d’une consultation en présentiel ou lors d’une téléconsultation), ou à domicile (hors la présence de professionnels de santé).

La modalité de prise des médicaments (à distance ou en présentiel, avec ou sans le professionnel de santé) est déterminée en concertation entre la femme et le professionnel de santé.

Si une contraception hormonale, œstroprogestative ou progestative est choisie par la femme, elle doit être débutée le jour même ou au plus tard dans les 72h suivant la prise du misoprostol (l’implant peut être posé au moment de la prise de la mifépristone).

Visite de suivi 

Une consultation (ou téléconsultation) de contrôle ayant pour objectif de vérifier le succès de l’IVG doit être effectuée entre le 14e et le 21e jour suivant la prise de mifépristone pour une grossesse de localisation bien déterminée.

Selon les recommandations de la HAS, le contrôle de l’efficacité de la méthode peut être fait par un examen clinique, si la consultation est en présentiel, associé à un dosage de β-hCG plasmatique ou un test urinaire semi-quantitatif adapté au suivi de l’IVG médicamenteuse ou bien à une échographie pelvienne. 

Une aspiration endo-utérine est nécessaire en cas d’échec de l’IVG médicamenteuse. 

Cette consultation est également l’occasion de s’assurer de l’adéquation de la contraception choisie au regard des besoins de la femme.